mardi 19 décembre 2006

Le peintre magicien (Conte pour Noël)






Comme je n'ai pas encore rédigé de récit sur la dernière rando publiée, j'ai décidé de faire paraître un petit conte que j'ai écrit il y a maintenant quelques années. Noël est un bon moment pour les contes.

L'action se déroule en montagne pendant l'automne. La montagne est bien le coeur de ce blog et dans deux jours, l'automne s'effacera pour laisser la place à l'hiver... Alors, pour tous ceux qui fréquentent ce blog, voici "Le peintre magicien".

Joyeux Noël à vous tous !




Le peintre magicien



Mon regard s'était posé sur elle en même temps que ma grosse chaussure de montagne se posait sur la pierre, sa voisine. Seule, au milieu de la montagne, elle semblait perdue dans l'automne triomphant. Encore toute tremblante d'avoir échappé à la monstrueuse chose qui s'était immobilisée auprès d'elle, elle n'avait pas encore remarqué ma présence.
Elle semblait toute chose, un peu repliée sur elle même, craintive et discrète. Son corps trahissait à la fois l'espoir, mais aussi la résignation. Elle vivait au jour le jour au milieu de cet univers qui se faisait chaque jour plus étranger. Toutes ses amies s'étaient éteintes une à une, comme des bougies qu'un souffle efface de la vie, pour les jeter dans la nuit glaciale de l'oubli.
Elle était la dernière fleur que l'automne avait ignorée à ce jour. Isolée au milieu de la montagne dévastée, sa robe bleu turquoise s'était un peu fripée.Elle en sembla désolée quand son regard croisa enfin le mien.
Dans ce regard attristé, on y lisait à la fois la gêne d'être la seule parmi ses soeurs à avoir été épargnée à ce jour, et le plaisir d'être une fois encore regardée.
Sa voix d'abord timide se fit peu à peu plus assurée au gré des compliments que je lui fis sur sa beauté, et elle me raconta alors comment l'automne guerrier dévastait la montagne depuis des semaines.
Le vilain était arrivé par un matin de la fin septembre. Il s'était tout d'abord approché d'un jeune châtaignier, qui le voyant arriver, se mit à trembler de toutes ses feuilles, comme s'il s'était enivré d'un vent fort qu'il aurait bu trop vite.
" Pourquoi trembles tu ainsi petit arbre, murmura l'automne d'une voix douce et gentille.
- Je tremble car je te crains répondit le châtaignier d'une voix chevrotante. Je sais que lorsque tu reviens chaque année, c'est pour anéantir tout notre monde végétal.
- Mais qui t'as dit cela, fit doucement le coquin
- Ce sont les bruits qui courent dans la montagne et les forêts.Nos pères nous l'ont appris, et nous ont mis en garde contre tes méfaits.
- Ne crois pas ce que colportent les vieux reprit le bourreau. Je ne suis dans cette montagne que pour vous rendre plus jolis encore, toi et tes amis les végétaux. Je veux seulement peindre les feuilles de mille couleurs diaprées. Elles seront tellement belles que les arbres rivaliseront de fierté, habillés ainsi, comme des princes et des rois. On viendra les voir de partout. Les hommes, habituellement si imbus d'eux-mêmes vont se déplacer pour admirer ce magnifique spectacle.
Le rusé lui fit ainsi mille flatteries et promesses, tant et si bien que le jeune châtaignier prit peu à peu confiance. Après encore quelques instants d'hésitation, il finit par murmurer:
" Tu pourrais me faire un habit de couleur, plus joli que celui de ce gros châtaignier là-bas qui prétend être le plus bel arbre de la montagne?
- Bien sûr, plus joli, mais aussi avec des couleurs qu'on a encore jamais vues ici bas.
- Alors, peinds moi, finit par dire le jeune imprudent qui ne se tenait plus de joie à l'idée de devenir le plus bel arbre de toute cette chataîgneraie.
L'automne ne se fit pas prier. D'un geste rond, il traça un arc en ciel qui lui tint lieu de palette, puis il choisit très haut dans le ciel, parmi les nuages les plus effilés, les pinceaux les plus doux et les plus soyeux qui soient, et il se mit à l'ouvrage.
Quand le peintre eut déclaré qu'il avait fini, le jeune inconscient qui s'impatientait depuis déjà de longues minutes,voulut voir de ses yeux le résultat tant attendu.
L'automne fit alors couler devant l'arbre un rideau de pluie, puis écartant lègèrement un nuage, il laissa filtrer un rayon de soleil qui éclaira le miroir d'eau cristalline. En se voyant ainsi paré, le jeune chataignier ne put empêcher un léger frisson de parcourir ses feuilles si magnifiquement colorées. Il en resta d'abord béat, puis sa joie s'extériorisa peu à peu, et de plus en plus bruyamment. Il voulut remercier l'automne pour tant de grâce, mais celui-ci n'était déjà plus là. Le bel arbre en fut un peu déçu, mais sa joie était telle qu'il oublia vite cette disparition furtive qui, à d'autres moins écervelés, aurait pu sembler suspecte. Mais quelle importance pensa- t- il, puisque le peintre génial avait tenu sa promesse. Il interpella ses voisins qui tous admirèrent la beauté de leur ami. Ils ne tarirent pas d'éloges sur la richesse et le chatoiement des couleurs.
Alors, les bruits coururent dans la montagne et les forêts qu'un peintre génial était arrivé, et qu'avec ses pinceaux magiques, il pouvait transformer cette vie si terne et si monotone qui durait ainsi depuis le printemps.
Même les plus anciens oublièrent l'enseignement des années passées,et aussi fous que les plus jeunes, ils firent appel à la saison guerrière déguisée en peintre magicien.
Elle sait bien, elle, la rusée que les vivants regardent plus souvent avec leurs yeux qu'avec leurs coeurs, et qu'il suffit d'un peu de parure et de brillant pour oublier l'essentiel qui lui ne se voit pas.
" Et ce fut comme une épidémie qui courut parmi tous les végétaux, continuait tristement la petite fleur bleue. Les bouleaux faisaient admirer leur jaune tendre, les cerisiers ne tarissaient pas d'éloges sur le rouge flamboyant qui enflammait leur feuillage. Les aulnes se pavanaient dans leur habit d'ocre. Même les hêtres et les chênes s'enluminèrent des magnifiques couleurs que leur proposait l'automne.
Alors, comme l'avait prédit le peintre magicien, la montagne explosa de couleurs et de lumière. De l'aube à l'aurore, ce fut une fête extraordinaire. Le soleil ne se lassa pas de composer des tableaux sans cesse changeants aux différentes heures de la journée. Tous étaient plus beaux les uns que les autres, et il ne fut pas d'êtres humains qui ne se déplacèrent pour contempler tant de splendeur.
Pourtant, un matin, le vent se leva, d'abord doucement, puis de plus en plus fort. Il arracha quelques feuilles de chataîgniers, puis il secoua les bouleaux insouciants. Il vint même agacer les grosses branches des vieux chênes qui grommelèrent.
Les jours passaient, et outre le vent qui dégarnissait sans remords tant de beauté, les couleurs changèrent peu à peu. Le marron envahissait inexorablement les flancs de la montagne. Les feuilles se recroquevillaient pour se protéger du vent froid, mais ne pouvaient plus se redresser quand Eole ne soufflait plus.
Personne ne se plaignait, et pourtant tous avaient compris qu'ils s'étaient laissés séduire par le brillant courtisan qui depuis la nuit des temps prépare la venue de l'hiver qui viendrait bientôt endormir la nature pour quelques mois ".
En terminant ces mots, la petite fleur poussa un long soupir de découragement, tout en esquissant un pauvre sourire contrit.
Je posai délicatement un doigt sous sa corolle et lui dis:
"Ainsi va la vie. Chaque année, les saisons font leur ronde, toujours la même, un milliard de fois répétée, un milliard de fois réussie. Il en est de même pour les hommes. Mais s'il est vrai que l'automne prépare l'engourdissement hivernal, c'est pour mieux préparer la nouvelle vie qui germe doucement dans le ventre de la terre. Alors, viendra le printemps, divine sage femme qui fera éclore la Vie des entrailles de la terre amoureusement pleine".
Une lueur d'espoir éclaira la fragile petite plante. La couleur de sa robe se fit plus vive.
Nous n'échangeâmes plus de mots. Ils auraient été de trop en cette fin de matinée d'automne. La petite fleur se tourna vers le soleil, et humant à pleins poumons l'air doux de la vie, elle poussa un long soupir de contentement que seuls peuvent entendre ceux qui savent parler avec les fleurs.

mardi 12 décembre 2006

La tour Massane depuis Le Rimbau (la rando)

Tour Madeloc et Cap Béar vus de la Massane


Tour Madeloc et Abbaye de Valbonne vues du sentier

Vue sur le littoral prise de la Massane

Vue du hameau du Rimbau depuis le sentier

La tour Massane


Fruits de houx parmi les nombreux arbres


Mon avis sur cette randonnée : l’accès à la tour Massane par cet itinéraire (à pieds bien entendu) est un peu plus long que celui qui relie Lavall à la Tour, mais il offre des vues magnifiques sur la côte Vermeille, des passages en forêt très agréables et une incursion dans la réserve naturelle de la Forêt de la Massane. De la tour Massane, le panorama sur la plaine du Roussillon et la côte est absolument superbe.
Cette rando peut se faire en toutes saisons : au printemps, les couleurs de la flore vous raviront. L’été, vous pourrez profiter de l’ombre des passages en forêt. A l’automne, les couleurs des arbres y sont magnifiques et en hiver, le soleil est souvent présent et les températures sont clémentes.

Dénivelé : 650 m

Durée : 3h à 4h de marche effective selon votre vitesse (le passage où l’on chemine sur une piste est long et dénivelle peu).

Accès au départ de la randonnée: prendre la RN 114, route à 4 voies qui va de Perpignan à Collioure. Choisir la sortie 14 au niveau de Collioure. S’engouffrer dans la D86, petite route qui monte sur la gauche en direction de la Tour Madeloc. « le Rimbau » est indiqué. Après environ 1,5 km, dans un virage, prendre à droite, une petite route « de vignes » indiquée en impasse qui se dirige vers le Rimbau. Elle serpente parmi les vignes tout en offrant les premières vues « aériennes » sur la côte Vermeille. On arrive dans le hameau du Rimbau au bout d’environ 2,5 km après la dernière bifurcation. On se rend au départ de la randonnée en prenant à l'entrée du hameau la route indiquée par le panneau « rocher d’escalade ». En contrebas des maisons on traverse le ruisseau Le Ravaner sur 2 échelles métalliques allongées en guise de pont (altitude 150m).

Référence cartographique : Pour l’accès au départ et pour la randonnée, utiliser la carte de randonnée IGN 1/25.000 n° 2549 OT


La randonnée :
Entrer dans l’enclos des bovins (refermez bien derrière vous la barrière).Prendre sur la gauche (et non sur la droite : vous iriez au rocher d’escalade) le sentier creusé profondément dans la terre et le roc, et qui monte immédiatement de façon abrupte. Il s’élève au travers d’une végétation de genêts, d’ajoncs, de ronciers, de cistes et d’euphorbes. Il existe, même s’il est irrégulier, un balisage (trait jaune de petite randonnée).
Prenez également comme repère visuel un grand pylône électrique très visible, auprès duquel vous passerez tout à l’heure.


Poursuivre la montée en continuant de cheminer sur ce sentier très fréquenté (notamment par les vaches qui y laissent des traces ne faisant aucun doute de leur passage).

Passer encore une barrière (bien refermer) et continuer de monter le long d’une clôture.
On arrive alors au pied du pylône qu’on voit depuis le hameau. A une dizaine de mètres court une piste. L’altitude est d’environ 500m.

A partir de là, on fait un choix :
soit on n’est pas trop sûr et on joue la sécurité : il suffit alors de prendre à droite sur la piste. Marcher longuement sur cette piste jusqu’à ce que vous arriviez à une intersection avec une autre piste qui monte depuis le Mas Christine. Prenez à gauche cette nouvelle piste jusqu’à ce qu’elle se termine et vous invite à prendre un sentier balisé.

Soit on coupe les pistes par des petits sentiers plus ou moins bien signalés : En face du pylône, on traverse la piste et on prend le petit sentier qui s’engouffre parmi les ajoncs et les ronciers. On arrive de nouveau à la piste. Il faut chercher le prochain petit sentier « buissonnier » à droite à une dizaine de mètres. Celui-ci vous monte plus haut sur la piste et là, il faut se résigner à cheminer sur cette dernière pendant une longue ligne droite. Ce n’est que dans le virage qui tourne fortement à droite qu’on peut de nouveau prendre un petit sentier qui coupe. Le dernier sentier vous amènera sur la piste qui est celle venant du Mas Christine. Prendre alors à gauche pendant 100 mètres environ et on arrive au bout de la piste. Le sentier balisé vous attend.

Quelque soit le choix de chacun, tous se retrouvent en fin de piste. Il est alors temps de s’engager sur le sentier (balisé en jaune) qui monte au travers d’une forêt de châtaigniers et de chênes jusqu’au col de la Place d’Armes. Soyez bien vigilant au balisage. Après seulement 50m de marche, ne vous laissez pas distraire par le sentier qui descend sur la gauche : allez tout droit sur le sentier qui passe sur le roc. Plus loin, on peut être tenté d’aller tout droit. La croix jaune peinte doit vous en dissuader pour vous inviter à prendre le virage à droite.

En 20 minutes, on arrive au col de la place d’Armes (altitude 677 m). Il y a là un panneau de la réserve naturelle de la forêt de la Massane avec un plan succinct de la réserve. Prendre sur la droite le sentier en direction de la Tour Massane (toujours balisé en jaune) qui commence d’abord sur du plat (quelques petites bosses seulement dans les endroits rocheux) pendant quelques centaines de mètres. Si on est en automne ou en hiver, on peut apercevoir, au travers des branches dénudées, la tour Massane qui attend votre venue. Les arbres à houx sont très nombreux.

A partir d’un petit poteau de bois noté « réserve naturelle sentier botanique A2 », le sentier monte sur la droite au travers des chênes verts. Il est relativement bien balisé en jaune. Il suffit d’être vigilant, notamment à une intersection où une croix jaune vous indique qu’il ne faut pas aller tout droit mais à gauche (un cairn confirme d’ailleurs la direction).
Encore 10 minutes et on sort de la forêt. Bientôt apparaît la tour Massane toute proche qu’on atteint rapidement (l’altitude est alors de 793 m).

Le retour se fait par le même itinéraire. Il vous sera plus facile, après avoir retrouvé la piste du Mas Christine de diminuer le long cheminement sur les pistes en empruntant les sentiers buissonniers qui les coupent car ces derniers sont beaucoup plus repérables à la descente.















vendredi 8 décembre 2006

Ste Anne: du bonheur sur les crêtes ( Récit)




Ce matin-là, le bleu du ciel a la douceur du velours et le soleil s’y prélasse langoureusement. Le thermomètre indique 6° alors que ma voiture roule encore dans la plaine. Je me réjouis à l’avance de retrouver les premiers froids en montagne.

Après Bouleternère, je m’engage dans la vallée où coule le Boulès. Là, les couleurs de l’automne se pavanent sous un soleil d’automne éclatant. Le jaune, le rouge, le marron des arbres à feuilles caduques ont pris des allures de divas au milieu du vert intense des arbres à feuillage persistant.
Une petite prairie surgit au détour d’un virage. Une fine pellicule de gelée d’un blanc immaculé témoigne que le froid a campé là cette nuit. Un peu plus loin, un pic-vert s’élance à quelques mètres devant la voiture, dans un vol horizontal, long et saccadé.

En sortant de ma voiture que je viens de garer sur le parking du prieuré de Serrabonne, j’inspire goulûment l’air frais vivifiant en me frottant les mains à l’idée de randonner par une telle journée si pleine de lumière et d’espérance.
Bien chaussé et le sac sur le dos, je parcours rapidement les cent mètres me séparant du prieuré sans jeter un coup d’œil aux petits écriteaux de découverte de la végétation que l’administration du prieuré a piqués au pied des plantes et des arbres qui bordent la droite de la piste.
A droite, les panneaux « les crêtes » puis « Roca Roja et col d’Arques » m’indiquent le chemin.

J’attaque avec détermination les 380 mètres de dénivelé qui vont m’élever vers la ligne de crête. Les chênes verts dominent la végétation, cohabitant avec les cistes défleuries depuis déjà bien longtemps, les nombreuses touffes de bruyère arborescente et quelques sapins isolés.

Quand au bout d’une dizaine de minutes d’effort je passe la barrière, je sais que je suis tout proche du premier palier de la montée. En effet, le sentier fait une bosse puis entame une petite descente pour aussitôt remonter résolument au travers d’une végétation où les sapins dominent à leur tour les chênes verts.
Après à peine un quart d’heure de marche, je sors de cette petite forêt de conifères. La pente du sentier se fait plus douce. Les arbres deviennent plus rares. Même la grande bruyère qui est encore là semble se tenir prête à laisser la place à la petite bruyère. Il ne reste plus qu’un palier à franchir pour parvenir au petit col sans nom qui m’attend là-haut. Je fais une petite pause, autant pour admirer les courbes arrondies de la ligne de crête que pour reprendre mon souffle. Je sens des gouttes de sueur perler entre carline et polaire.
Après à peine une minute, je reprends le sentier qui monte d’abord doucement puis de plus en plus fort. La végétation devient basse et parsemée. Seuls la bruyère et le genêt semblent trouver cet habitat naturel à leur goût. Encore un petit effort. La ligne de crête est là, toute proche. Le sentier se rétrécit entre genêts et ronciers, la pente est encore plus raide.

Voilà, je m’extrais maintenant de la montée comme un père Noël d’une cheminée. Essoufflé d’abord et ébahi ensuite par un tel panorama qui se déroule sous mes yeux : Les principaux massifs montagneux du département dressent majestueusement leur stature de géants dans un décor de rêve. Heureux également de ce bel effort et de cette magnifique journée ensoleillée qui laisse augurer encore quelques instants de bonheur simple.

Le sentier est facile. Il monte et il descend. Six ou sept fois il joue aux montagnes russes. En vingt minutes, je suis au col d’Arques où un petit abri en pierres sèches semble monter la garde. Je jette un petit coup d’œil à l’intérieur avec une petite pointe d’appréhension enfantine de découvrir je ne sais quoi d’hostile ou de monstrueux dans la demi-obscurité qui y règne. Il n’y a bien sûr rien mais tant mieux ! il me reste un peu de mon enfance.

Sur la droite, une piste file vers le petit village de Glorianes. Je l’ignore et attaque la montée vers le roc d’Aurène. La pente se fait plus raide. Sur la droite, un petit troupeau de moutons. Ils sont d’abord surpris. La tête en l’air, l’air inquiet. Je m’en approche. Tout à coup ils détalent mais s’arrêtent au bout de trente mètres. Ils se retournent pour me regarder et semblent se rendre compte que je ne fais que passer. Alors, ils reviennent timidement sur leurs pas. Deux d’entre eux esquissent même audacieusement un début de trot vers moi mais se figent finalement, jugeant l’immobilité plus prudente. Je stoppe mon pas pour profiter de cette magnifique image de ces frêles et doux animaux qui se découpent en premier plan sur le massif du Madres et les falaises calcaires du Fenouillèdes.

Je reprends la montée. Un peu plus loin, à quelques mètres de moi, un vol de quatre oiseaux plutôt trapus s’élève brusquement des fourrés de genêts et ronciers dans le ciel bleu. Le bruit de leur vol, puissant et sec, fait penser à l’envol d’un hélicoptère. J’ai le soleil dans les yeux et malgré ce bruit caractéristique, je ne parviendrai pas à identifier l’espèce. Tant pis. Je me contenterai de la surprise qu’il m’ont faite en perçant brusquement le silence des montagnes où je suis immergé.

La prochaine et dernière rencontre que je fais avant d’atteindre la chapelle St Anne est, elle, paisible et silencieuse: en m’entendant arriver, elle tourne doucement son cou vers moi tout en continuant de mâcher. La vache Aubrac cesse bien de ruminer quelques secondes, le temps que je passe près d’elle mais reprend aussitôt son activité bovine, tout en suivant mon passage d’un regard empli d’une totale indifférence.

C’est après deux heures d’une marche au rythme soutenu que m’apparaissent les ruines de la chapelle Ste Anne. Les vues panoramiques n’ont pas cessé tout au long de la ligne de crête mais là, le spectacle atteint son apogée avec une vue à 360° sous un soleil on ne peut plus éclatant. Le Fenouillèdes étend longuement ses falaises calcaires jusqu’à la forme trapézoïdale du pech de Bugarach. Les pics et plas du Madres imposent alors leurs masses trapues. Derrière eux, les cimes enneigées du pic Carlit et de son massif semblent tutoyer le ciel. Et puis devant moi la masse imposante, toute proche du massif du Canigou. C’est comme si j’ouvrais mes volets et que d’un balcon imaginaire je pouvais tendre le bras et poser la main sur chacun de ses sommets qui me sont si familiers: Canigou, Barbet, Puig Sec, Serra de Roc Negre, Gallinas, Pel de Ca.
Sur la gauche, la ligne de crête des Albères plus lointaines court en ondulant vers la Méditerranée dont la ligne d’horizon s’est enveloppée dans un léger ourlet de nuages blancs. Malgré la densité humaine et la circulation que je connais, la plaine du Roussillon et ses villages apparaissent d’ici silencieux et paisibles.

C’est ce paysage grandiose qu’avaient sous leurs yeux les ermites qui habitèrent ce lieu aux 17e et 18e siècles. Combien de joies, de peines, d’espoirs, de désespoirs, de petits bonheurs ont été vécus ici sur ce promontoire dominant mais aussi exposé aux exigences et aux caprices de la nature ?
Assis aujourd’hui sur un petit muret de pierres, vestige de la chapelle, en ouvrant mon sac à dos pour en extraire la nourriture, je pense à eux au cœur de ce moment d’intense bonheur dans ce grand espace de solitude.











jeudi 7 décembre 2006

Ste Anne, chapelle en ruines (la rando)

Vue sur les Albères à partir des crêtes

L'orri du col d'Arques


Vue des crêtes sur Glorianes, petit village isolé

Le prieuré de Serrabonne vu du sentier montant aux crêtes

Le Canigou depuis les ruines de la Chapelle Ste Anne

Mon avis sur la randonnée : Sans avoir à s’élever beaucoup en altitude (maxi 1347 m), cette randonnée qui se déroule pour l’essentiel sur les crêtes, offre des vues panoramiques magnifiques sur la plaine et les montagnes catalanes. Elle est idéale au printemps et en automne. Elle peut être très agréable l’été à condition d’éviter les heures où le soleil darde ses chauds rayons sur les crêtes.

Dénivelé :environ 780 m

Durée : 3h30 (rythme assez soutenu) à 4h30 (plus tranquille) de marche effective.

Accès au départ de la randonnée : Depuis perpignan, prendre la N 116 en direction du « Soler, Prades, Andorre ». C’est une route à 4 voies. On passe à proximité de Millas, Ille sur Têt. Après Ille, le village de Boulternère est indiqué sur la gauche. On s’y rend en empruntant la D 16 pendant 7 à 800 m. Traverser le village. Prendre en direction de Boule d’Amont et du Prieuré de Serrabonne sur la D 618. Rouler pendant environ 7 km à partir de la sortie du village. On arrive à une intersection où se trouve « le relais de Serrabonna » qui vend des produits du terroir. Prendre alors à droite la petite route qui monte vers le prieuré de Serrabonne. Rouler pendant environ 4 km. On arrive à un parking. Laisser là la voiture et en avant pour la rando.

Distance de Perpignan au départ de la randonnée: 40 km

Référence cartographique : Pour la randonnée, utiliser les cartes de randonnée IGN 1/25.000 n° 2449 OT et 2349 ET

Description de la randonnée :
· A partir du parking, se diriger vers le prieuré tout proche (une centaine de mètres).

· En arrivant au prieuré (altitude 601 m), sur la droite, un panneau « les crêtes », puis un autre « Roca Roja et Col d’Arques » vous indiquent la direction à prendre.

· Le sentier débute par une montée régulière et raisonnable. Des cairns (pierres empilées par de sympathiques randonneurs qui pensent à vous) jalonnent le sentier de façon irrégulière. Un balisage tantôt jaune, tantôt peint d’autres couleurs est également présent mais de façon irrégulière et parfois à demi-effacé. Cela dit, le tracé du sentier est très visible et le mot d’ordre pour cette partie est « marche tout droit » vers les crêtes qui se profilent là- haut.

· Cette montée vers les crêtes (380m de dénivelé) se fait en 3 parties. On arrive d’abord à un premier palier, peu de temps après avoir passé une petite barrière. Le sentier nous invite alors à une légère descente pour remonter aussitôt vers le second palier. La rupture entre le 2e et le 3e palier est moins marquée: la pente se fait plus douce, la végétation s’éclaircit et le sentier entame la 3e partie de la montée vers les crêtes. Les derniers 100 mètres de dénivelé sont un peu plus abrupts. Le sentier finit sa course en se faufilant entre les ronciers et les genêts.

· Dès l’arrivée sur la crête (990 m), le regard peut déjà embrasser un magnifique panorama. Si le temps est dégagé, ces vues se répéteront tout au long des 5 ou 6 km (aller) de marche en crête. On prend alors sur la gauche (en prenant à droite vous iriez vers la Roca Roja). Dès le départ, il existe un véritable fil d’Ariane : une clôture file de cet endroit jusqu’à la chapelle St Anne. Il suffit de suivre ce guide « fil de fer » d’un côté ou de l’autre. A droite il existe un tracé de piste. Si on choisit de le suivre, il faut être vigilant à ne pas s’éloigner de la clôture car la piste, cette coquine, bifurque une ou deux fois sur la droite et risquerait alors de vous égarer. En ce qui me concerne, j’ai parcouru l’aller en gardant la clôture à ma droite et pour le retour, elle gardait mon flanc gauche. On ne peut faire plus simple.

· Le trajet commence par 6 ou 7 petites montées et descentes. Ce n’est qu’après ces montagnes russes qu’on atteint le col d’Arques (1023 m) qui est marqué par un orri (petit abri fait de pierres sèches). Il ne faut surtout pas prendre la piste qui s’en va sur la droite vers Glorianes et le col de la Croix de Fer.

· A partir du Col d’Arques, le sentier s’élève cette fois sérieusement en direction du Roc d’Aurène (1201m). En ce qui me concerne, j’ai cherché (en vain) un sentier à gauche, indiqué sur la carte IGN. Finalement, je m’en suis tenu au simple mot d’ordre « suivre la clôture ».

· Après le roc d’Aurène, la pente se fait plus douce, mais pour mieux remonter ensuite vers le puig Soubiranne (1307 m). Il ne reste plus alors qu’à produire les derniers efforts pour atteindre les ruines de la Chapelle St Anne (altitude 1347 m). Et de cet endroit où vécurent, aux 17e et 18e siècle, successivement plusieurs ermites, la vue sur le Canigou est magnifique. On a l’impression d’ouvrir sa fenêtre et de contempler de son balcon, la montagne mythique qui dessine fièrement tous ses sommets qui dépassent 2700 m (le Canigou, le Barbet, le puig Sec, la serra de Roc negre, …). Mais ce n’est pas tout, sur la droite, on peut voir les falaises calcaires du Fenouillèdes puis le pech Bugarach dans l’Aude. Le Madres impose ensuite sa masse trapue, tandis qu’au loin, entre Canigou et Madres, le massif du Carlit dresse ses sommets flirtant avec l’Ariège. Sur la gauche, la chaîne des Albères court vers la Méditerranée.

· Après un repos bien mérité, le retour se fait par le même chemin : on suit les crêtes le long de la clôture pendant 5 ou 6 km puis avant d’entamer la descente à droite (un cairn vous rappelle l’endroit où se prend le sentier) pour regagner le prieuré de Serrabonne.



En guise d’accueil ...

Les Camporeils

Le col Mitja, entre les pics Redoun et Gallinas


Dans la vallée d'Eyne


Le massif du Canigou vu d'au-dessus de Jujols


Bienvenue sur ce blog où je vous propose de partager la connaissance que j’ai de quelques randonnées qu’on peut effectuer dans les montagnes des Pyrénées Catalanes.

Je m’appelle Roland Vannier. En septembre 2006, j’ai cessé mon activité professionnelle pour prendre le statut de retraité.
En lançant ce blog, je poursuis le but d’être bénévolement utile à tous les randonneurs qui parcourent sans précipitation (au hasard ou en état de recherche) les chemins de la toile électronique.
J’ai toujours ressenti une attirance pour la montagne, ses sommets, sa faune, sa flore: « ça m’avait gagné » depuis bien longtemps mais si avant 1988 je randonnais déjà, ce n’était qu’épisodiquement.
C’est en arrivant dans le département des Pyrénées Orientales en 1988 que je me suis mis à pratiquer régulièrement la randonnée. D’abord avec deux sections du Club Alpin Français mais aussi avec la section montagne du comité d’entreprise de la société où je travaillais jusqu’en août 2006.

Ces structures m’ont été très utiles et m’ont permis d’acquérir suffisamment de connaissances et de confiance pour prendre de l’autonomie et me lancer dans des randonnées solitaires.


Ce sont ces randonnées que je vais tenter de décrire ici afin que vous puissiez, si le cœur vous en dit, en profiter à votre tour.

Je ferai en sorte que mes descriptions soient le plus précises possible. Cependant, je le répète, mon intention est de partager dans un esprit de bénévolat, et d’éventuelles erreurs ou omissions de ma part ne sauraient entraîner ma responsabilité lors de vos propres sorties sur ces randos ici décrites.

Mes engagements et leurs limites:
· Je m’engage à publier de façon désintéressée mes quelques connaissances.
· Je m’engage à répondre à vos questions.
· Je ne m’engage à aucune fréquence, ni durée, ni échéance concernant la publication. Cette liberté acquise sur la tyrannie de la gestion du temps imposée en entreprise est un privilège que j’ai découvert dans ma nouvelle vie et que j’apprécie trop pour y renoncer.

La mise en œuvre :
Chaque randonnée sera ainsi décrite :
« Mon avis sur cette randonnée »
Le « dénivelé » positif
Des indications pour « l’accès au départ de la randonnée »
Des « références cartographiques »
La « description de la randonnée »
« Quelques photos » en guise d’illustration

Enfin, pour certaines, je rédigerai un petit récit décrivant mon vécu d'une de mes sorties sur cette randonnée.

En retour de ces descriptions, je vous serai reconnaissant de me faire part de vos commentaires, remarques, critiques. Ils seront les bienvenus pour que j’ajuste mes propos ainsi que ma façon de les communiquer.